Il existe de nombreuses aides pour financer les travaux de rénovation énergétique : quelle est leur efficacité ?
Shape 07 juil. 2021 Données Rénovation

Mesurer l'efficacité des travaux de rénovation

On a lu récemment une étude passionnante sur l’efficacité des travaux de rénovation énergétique aux Etats-Unis (Michigan), et on voulait vous partager ce qu’on avait appris !

Dans leur article Do Energy Efficiency Investments Deliver ? Evidence from the Weathering Assistance Program (WAP), trois chercheurs américains ont mené une étude visant à évaluer l’impact du programme de financement WAP pour l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le résidentiel : on vous en dit plus.

Une enquête sur l’efficacité des travaux de rénovation énergétique

Le Weathering Assistance Program (WAP) est le plus grand programme des Etats-Unis pour améliorer l’efficacité énergétique dans le résidentiel. Il consiste à accompagner les ménages dans leurs travaux de rénovation énergétique (assistance logistique et soutien financier) ; depuis son lancement en 1976, plus de 7 millions de foyers à faibles revenus en ont bénéficié. 

Avant de lancer le programme d’accompagnement, un audit énergétique des logements « NEAT » (National Energy Audit Tool) est réalisé afin de proposer des travaux ciblés, en prenant en compte les caractéristiques du bâtiment, les équipements du logement, et les conditions climatiques. Le NEAT permet d’estimer les économies d’énergies qui seront réalisées, à partir d’un modèle ingénieur de prévisions ex-ante

L’objectif de l’étude est d’évaluer l’impact du WAP sur la consommation énergétique, et de comparer les résultats aux prévisions du NEAT. Plus précisément, il s’agit de mesurer les gains réels apportés par les travaux entrepris dans le cadre du WAP : 

- Le gain financier, apporté par la réduction de la consommation énergétique ;

- Le gain en confort thermique, apporté par la hausse de la température de chauffage à l’intérieur du logement. C’est un effet rebond direct : un degré supplémentaire coûte moins cher après les rénovations, donc les ménages vont avoir tendance à augmenter la température intérieure.

Des résultats décevants : l’effet rebond ne semble pas tout expliquer 

L’étude montre que la participation au programme conduit à une réduction de la consommation énergétique de 10 à 20% seulement (selon l’échantillon et la méthodologie appliquée), permettant des économies estimées à environ $2349/foyer, soit trois fois moins que les économies annoncées par le NEAT ! 

Effets du WAP sur la consommation d'énergie des ménages, pas trimestre

Pour expliquer cet écart, les auteurs de l’étude s’intéressent à l’effet rebond direct, qui consiste à augmenter le chauffage à l’intérieur du logement après avoir effectué des travaux de rénovation énergétique. Pour quantifier l’effet rebond, les températures intérieures de certains logements rénovés ont été mesurées, puis elles ont été comparées aux températures de logements non rénovés. Les résultats montrent que l’amélioration de l’efficacité énergétique grâce au WAP conduit les ménages à augmenter, en moyenne, leur température intérieure de 0.67°F (environ 0.37°C), ce qui est presque négligeable.  

Enfin, pour finir d’évaluer l’efficacité des travaux de rénovation énergétique, l’étude réalise une estimation du taux de rentabilité interne (TRI) des investissements réalisés dans le cadre du WAP, sur un horizon de 16 ans. Si on prend en compte les projections de réduction des consommations à partir du modèle ingénieur du NEAT, le TRI est à 12%, ce qui est largement supérieur aux taux disponibles sur le marché, rendant ainsi l’investissement très attractif. Cependant, si on prend plutôt les économies d’énergie réelles, le TRI passe à -2.3%, et 0.1% si on rajoute la valeur estimée des émissions de gaz à effet de serre évitées. Le même investissement est devenu beaucoup moins attractif !

Si l’effet rebond est négligeable, comment expliquer l’écart entre les réductions de consommation d’énergie réelles et celles prévues par le NEAT ? Pourquoi les TRI sont-ils si différents en fonction de la méthode employée ? Selon les auteurs de l’étude, il s’agit probablement du NEAT : l’outil d’audit énergétique utilisé prédit une consommation énergétique avant travaux supérieure de 25% à la consommation réelle. Il sous-estime ainsi l’efficacité énergétique des bâtiments avant les travaux, ce qui fait gonfler les prévisions d’économies d’énergie, et donc le TRI. 

Où en sommes-nous aujourd’hui sur l’évaluation de l’efficacité des travaux de rénovation énergétique en France ? 

L’étude que nous vous avons présentée est l’une des seules à évaluer l’efficacité des travaux de rénovation énergétique financés par des aides publiques. Même si elle s’intéresse uniquement aux foyers à faibles revenus du Michigan, l’étude montre plus largement qu’il peut exister un écart conséquent entre les économies d’énergie promises par un programme de financement, et les économies d’énergie réelles. En France en 2019, 2.1 millions de logements (individuels et collectifs) ont fait l’objet d’une rénovation énergétique aidée. Mais on ne connaît pas précisément l’impact de ces travaux sur la consommation d’énergie des ménages, et donc sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre…

On se rend alors bien compte qu’il est essentiel d’utiliser des données tangibles sur le rendement réel (et non projeté) des travaux de rénovation énergétique pour améliorer leur efficacité. Justement, Homeys a développé un outil qui permet de massifier l’usage des données pour évaluer l’efficacité réelle des travaux de rénovation énergétique par des mesures avant/après. Si, comme nous, vous êtes convaincus qu’il faut accélérer les mesures de l’efficacité des travaux de rénovation énergétique, écrivez-nous ! 

Claire
Group 8

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