L’électricité se stocke difficilement : il est donc nécessaire d’équilibrer en permanence, en temps réel, l’offre et la demande. Or la consommation électrique varie selon les moments de la journée. Ainsi, afin de limiter la demande lors des pics de consommation et pour mieux équilibrer le réseau d’électricité, certains pays, comme la France depuis 1960, proposent un système de double tarification qui divise la journée en deux : 16 heures pleines, et 8 heures creuses.
Cette option permet de moduler la consommation, en programmant le fonctionnement de certains appareils en dehors des périodes où la demande est forte. La pression sur les centrales lors des pics de consommation est donc réduite, et les coupures électriques évitées. Les plages horaires sont fixées localement par Enedis en fonction des conditions d'exploitation et de la capacité locale du réseau de distribution. Les heures pleines correspondent aux heures de la journée où l’activité humaine est la plus intense, et donc les besoins en électricité les plus forts (6h à 22h généralement). À l’opposé, les heures creuses correspondent aux heures où la demande est moins soutenue (le plus souvent de 22h à 6h le lendemain).
En France, presque 50% des ménages ont souscrit à un abonnement avec l’option Heures pleines/Heures creuses, dans l’espoir de réduire leur facture énergétique. Cette option s’oppose à l’option Base, dont le prix du kWh de l’électricité est fixe, quels que soient l’heure et le jour de la semaine. En option HPHC, le montant fixe de l’abonnement est un peu plus élevé que celui d’un contrat en option Base, comme le montre le graphe ci-dessous. En revanche, le prix du kWh consommé est plus intéressant pendant les heures creuses qu’avec l’option Base.
Il convient donc de faire un choix adapté à vos besoins et à vos habitudes de consommation énergétique. En effet, pour qu’une souscription à l’option Heures pleines/Heures creuses soit rentable, il est nécessaire de consommer une part significative d’électricité pendant les heures creuses.
L’option Heures pleines/Heures creuses est de plus en plus critiquée. En effet, avec l’accès aux informations grâce aux compteurs communicants, il semble que cette offre soit devenue moins avantageuse pour le consommateur.
Les tarifs des 2 options ont augmenté, et l’écart entre les 2 s’est réduit au fil des années, rendant l’option Heures creuses moins attractive. Ainsi, de 2012 à 2020, le prix du kWh de l’option Base a augmenté de 18%, tandis que celui de l’option Heures creuses a augmenté de 38% !
La réduction de cet écart a conduit à une augmentation de la proportion de consommation électrique en Heures creuses nécessaire pour que l’option HPHC soit plus avantageuse que l’option Base. Par exemple, pour un foyer consommant en moyenne 6.000 KWh en électricité par an, en 2016, la consommation en Heures creuses devait atteindre au moins 26% de la consommation électrique totale pour que la souscription à l’option Heures pleines/Heures creuses soit plus intéressante que l’option Base. En 2018, cette proportion passe à 41%, puis à 56% en 2020. L’option HPHC est donc, par défaut, moins intéressante qu’avant, puisqu’il est nécessaire de consommer de plus en plus pendant les Heures creuses, qui occupent seulement un tiers de la journée (8h).
Ainsi, le véritable enjeu réside dans le pilotage de la consommation électrique. Rien ne peut être laissé au hasard et tout doit être programmé la nuit : le ballon d’eau chaude, la recharge de votre voiture électrique, ou encore vos consommations électriques comme la machine à laver.
Aujourd’hui, de nouvelles contraintes apparaissent avec l’intermittence de la production renouvelable, qui dépend des conditions climatiques, du vent, de la nébulosité, de l’ensoleillement… D’après le bilan prévisionnel 2015 du RTE (Réseau de Transport d’Electricité), l’éolien et le photovoltaïque ont des impacts très différents sur le système électrique : l’éolien crée principalement un besoin de flexibilité hebdomadaire, alors que le photovoltaïque crée un besoin de flexibilité horaire et journalier.
Ces nouveaux enjeux ont conduit à l’établissement d’une offre d’électricité à tarification dynamique, qui doit refléter les variations de prix du marché à fréquence horaire. La commercialisation de cette offre est bien sûr conditionnée par le déploiement des compteurs intelligents (Linky pour l’électricité), permettant aux consommateurs de suivre leur consommation de manière précise pour l’adapter. En Europe, certains pays ont déjà équipé tous leurs citoyens de compteurs communicants depuis plusieurs années, comme en Finlande et au Danemark, où 90 % des logements ont déjà souscrit à un contrat à tarification dynamique.
La directive européenne 2019/944 du 5 juin 2019 donne le droit à tous les consommateurs équipés d’un compteur intelligent de souscrire à une offre d’électricité à tarification dynamique. À partir du 1er janvier 2022, les fournisseurs d’énergie qui ont plus de 200 000 clients auront l’obligation de proposer un contrat d’électricité à tarification dynamique. Ce type de contrat sera alors avantageux pour les consommateurs qui peuvent réaliser des économies de facture en reportant leur consommation hors des périodes de prix élevés. Finalement, il s’agira d’une version étendue de l’option Heures pleines/Heures creuses, puisque le prix de l’électricité est directement lié à l’équilibre entre offre et demande.